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Célébration de l'indépendance

Publié par  dans La Presse de Tunisie le 23 - 03 - 2019 


Il y a bien longtemps que les Tunisiens ne sont plus à la fête et ne connaissent plus la communion apportée par le vivre-ensemble. La monotonie et la sinistrose des citoyens lassés par tant d'errements politiques ne sont pas étrangères à cet état de fait 
Qui dit fête de l'indépendance nationale dit également fête de la République tunisienne. Les deux événements coïncident pratiquement à quelques mois d'intervalle depuis l'avènement de l'indépendance tunisienne. Même s'il existe une date pour la célébration de la proclamation de la République le 25 juillet de chaque année, la Tunisie fête avant tout la nation républicaine. Mercredi 20 mars 2019, c'est le jour de la fête de l'indépendance. Celle qui a mis fin à la colonisation française en Tunisie. Une date historique pour tout un peuple. Les Tunisiens célèbrent cet événement dans la joie et la liesse depuis toujours. Mais la phase de transition démocratique que traverse la Tunisie a mis à rude épreuve l'esprit républicain. Celui qui compose les valeurs de la République : patriotisme, progrès social, laïcité de l'Etat, séparation du religieux et du politique. A partir de là, peu à peu, les forces conservatrices représentées par les partis islamistes en sont venues à accepter le régime républicain, mais sans cautionner pour autant l'ensemble idéologique qui en découle. Car l'esprit républicain ne colle pas avec les valeurs des partis d'obédience religieuse. Il a été bafoué et mis à mal depuis l'avènement de la révolution du jasmin un certain vendredi 14 janvier 2011. Jamais les valeurs républicaines n'ont été autant piétinées pour des considérations politiques nouvelles. Tout se fait ou se dit au nom de la Tunisie ou parfois contre la nation entière dans un désordre indescriptible. Un capharnaüm qui donne le vertige aux électeurs tunisiens qui ne savent plus où donner de la tête, notamment à l'approche de l'élection présidentielle prévue pour le 10 novembre prochain. D'un autre côté, le recours excessif aux notions républicaines ne manque pas non plus. Il existe désormais une forme de récupération politique nationale des valeurs auxquelles le mot Tunisie renvoie. Les citoyens l'ont bien compris. L'usage abusif des mots qui invoquent directement la Tunisie n'est pas pour plaire. Même si dans les arcanes politiciens cela se fait à outrance dans le monde. La Tunisie n'est pas en reste avec de nombreux partis politiques qui choisissent délibérément l'expression Tunisie pour nommer leur parti. Dans le marasme économique et social que le pays traverse, cela fait tache et hors de propos. Qui veut bien défendre les valeurs nationales dans cette conjoncture difficile ? Au moment même où la Tunisie attend toujours le leader politique qui sera capable d'affronter les défis de demain en défendant corps et âme les intérêts de la Tunisie. Sans entrer dans les généralités toutefois car certains politiciens portent le pays dans leur cœur ou leur sang. Mais ils ne sont pas légion. La course effrénée aux sièges des hautes fonctions républicaines est de mauvais goût. Les dernières railleries sur la toile électronique des municipaux de Sfax ou ailleurs en Tunisie l'illustrent parfaitement. Ces derniers abusent de leur fonction par des cadeaux majestueux et royaux offerts et ne donnent pas une bonne image de leur intégrité morale ou intellectuelle. Pour couronner le tout, les désastres dans de nombreux domaines et les déboires socioéconomiques, culturels et sportifs n'arrangent pas le tableau gris qui vire au noir.
Un cocktail de déconvenues
Volet sportif, on est encore loin du compte sur le plan mondial et le rayonnement à travers le sport de la Tunisie se remarque moins en cette phase difficile. Les déboires sportifs dans les échéances mondiales de nos représentants dans différentes disciplines n'ont pas amélioré le tableau du désastre national et républicain. Pas même un tour franchi lors de la dernière Coupe du monde en Russie 2018. Dans ces grands moments où la liesse populaire devient forte et indescriptible et rassemble en cas de prouesse et de victoire, les Tunisiens étaient dépités. Le drapeau tunisien est en berne depuis l'élimination. Encore manqué. La Coupe du monde de handball qui s'est déroulée il y a deux mois au Danemark a montré les limites de notre discipline reine avec le football. On est encore très loin du niveau des équipes scandinaves et européennes. Le sport ne permet manifestement plus à la Tunisie de briller à l'échelle mondiale. Il faut s'en remettre à l'art, la culture et au cinéma. Mais là encore, que des promesses avec la majestueuse cité de la culture mais rien d'exaltant. Le marasme socioéconomique n'est pas propice à l'émancipation de tout un peuple pris entre le marteau et l'enclume. Le juste milieu, l'équilibre dans les idées et les valeurs n'existeraient-ils plus au moment où les tendances extrémistes ne cessent de s'amplifier en Tunisie et dans le monde ? Le rayonnement de la Tunisie doit se faire avec de nouvelles valeurs républicaines. Le peuple tunisien doit devenir acteur d'une résurrection nationale pour que le pays soit de nouveau plongé dans la lumière. Il réside encore dans les ténèbres à cause d'une classe politique dépassée et d'un peuple sans repères et à la croisée des chemins. Vive la Tunisie. Vive la République.


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